Tribune commune Evian Nouvelles
Les deux listes minoritaires, Évian 2020-2026 (I. Lang) et Parce que nous aimons Évian (J. Guillard), ont été rejointes par l'élu d'opposition S. Berthier pour écrire une tribune commune dans le prochain numéro d'Evian Nouvelles. Nous avons en effet dressé un constat commun sur les politiques menées par la majorité.
Vous pourrez lire aussi dans ce même numéro la tribune de la majorité qui utilise un vocabulaire guerrier ("les ennemis d'hier") en parlant des relations entre les élus d'opposition. J'ai la faiblesse de croire qu'au sein du conseil, nous sommes tous animés par la même volonté du bien commun pour notre ville et que le conseil ne peut être considéré comme un théâtre de guerre. Piètre image de la vie politique que nous donne cette majorité!
Tribune commune de la part d’Evian 2020-2026 (I. Lang), Parce que nous aimons Evian (J. Guillard), et l’élu d’opposition S. Berthier
Cinq ans et toujours la même rengaine ! Des promesses, peu de résultats. Une communication orchestrée, les 17 ODD brandis à tout va. Notre quotidien s’est-il amélioré ? Les stationnements plus accessibles ? Le centre-ville plus vivant ? L’écoute des habitants plus réelle ? NON ! Car l’apparence prime sur l’action.
Budget : la ville est riche, mais cela n’autorise pas l'imprudence. Investir, oui. Gaspiller, non. Il manque une vraie stratégie budgétaire : trop de décisions sans vision globale, sans anticipation du fonctionnement.
- La caserne des pompiers transformée en lieu d’arts vivants : pour qui ? Quel budget ? Quels frais de fonctionnement ? Quelle accessibilité ? On réfléchira après...
- La cuisine centrale : projet vertueux mais d’entrée déficitaire. Alors qu’un montage intercommunal aurait permis d’atteindre l’équilibre. Mais Evian décide seule, selon une logique d’un autre temps.
- Le Pré Curieux : un déficit proche d’1M€ depuis le début du mandat. Nous demandons chaque année à travailler la maîtrise des coûts, à chaque fois une excuse différente pour ne rien faire.
- Le dossier Yas Hospitality : un projet bloqué pour préserver un "bâtiment remarquable". Finalement, la ville rachète le terrain à un prix supérieur au marché (4,2 M€) pour éviter un procès. Et le nouveau PLU en autorise in fine la démolition. Cherchez l’erreur !
Santé : trouver un médecin traitant, un parcours du combattant ! De plus en plus d’Evianais n’en ont plus. C’est donc moins de suivi, de prévention, plus de retards de diagnostic. Une réelle perte de chance !
- Le discours de la majorité : « nous avons des pistes mais c’est compliqué ». Pourtant ce dossier aurait dû être prioritaire ! Des solutions existent, d’autres territoires ont agi.
- Malgré la condition soignante revendiquée par notre maire, rien n’a été véritablement fait : un manque réel de volonté à mettre en œuvre une politique d’attractivité médicale et d’activer les bons leviers pour améliorer votre accès légitime aux soins.
Sécurité : notre ville perd peu à peu sa tranquillité.
- Vélos, trottinettes circulent sur les quais et rue Nationale, au mépris des piétons.
- Les dégradations diverses se multiplient.
- Les vitesses excessives deviennent la norme, les comportements de plus en plus dangereux.
- Les points de deal se banalisent.
Qu’a fait la majorité ? Trop peu ! Nous avons été nombreux à interpeller sur l’urgence de la situation et le nécessaire renforcement de la police municipale, car il est prouvé qu’une présence policière régulière est efficace. Des communes voisines, Thonon et Publier, ont su doubler leurs effectifs, pourquoi pas Évian ? À cette question, une seule réponse : « C’est compliqué ».
Une « brigade verte » avait été annoncée en grande pompe pour veiller à la tranquillité dans l’espace public. Elle semble avoir disparu, comme tant d’autres promesses ! Quand la sécurité des habitants est en jeu, on attend des actes, pas des excuses !
Mobilité : un véritable défi du quotidien. Malgré de beaux discours, la situation n’a fait que se dégrader.
- Les parkings souterrains : la privatisation a entraîné une hausse des tarifs, sans création de nouvelles places, ni d’amélioration significative du service.
- Les parkings de surface : au fur et à mesure d’aménagements ponctuels, le nombre de places a diminué, pénalisant les habitants et les commerces.
- Le parking relais pour les frontaliers : fonctionnel jusqu’à ce que les nouvelles lignes de bus arrivent. Résultat : une déconnexion des horaires, un parking délaissé et les frontaliers de retour en ville saturant les parkings.
- Le stationnement gratuit du samedi : nous en demandons régulièrement la révision face à la problématique des voitures « ventouses » qui pénalisent tant les habitants que les commerçants. Malgré plusieurs propositions de notre part et les promesses de Mme le maire « nous allons y travailler », rien n’a été fait !
- Quant aux déplacements piétons : à part 2 ou 3 aménagements ponctuels, ils sont toujours aussi dangereux.
- Enfin, parlons du plan vélo : la ville pourrait se voir attribuer le label de "ville pro-vélo sans pistes cyclables" ! De nombreux habitants y ont cru, ont donné de leur temps, participé à des groupes dits de « concertation ». Mais au final, rien n’en est sorti, on attend toujours. Comment s’en étonner quand on lit dans la presse, au détour d’un article : « La topographie du territoire fait que nous ne pouvons pas vraiment envisager d’autres modes de transport que la voiture. ». Cette phrase illustre l’état d’esprit de la majorité, une politique faite d’effets d’annonces, de promesses où les habitants sont invités à participer pour mieux être oubliés. En attendant circuler à vélo est toujours aussi dangereux !
Démocratie locale : la politique est souvent dénigrée lorsque ceux qui détiennent le pouvoir en font une affaire de promesses plus que de résultats. Sous couvert de « concertation locale », que s’est-il passé ?
- Des réunions de concertation sans réelle concertation. La présentation de la chaufferie biomasse en est l’exemple flagrant : un projet présenté comme s’il était encore amendable… alors que tout est déjà décidé.
- Des consultations de façade : des sondages… mais orientés ; des ateliers… mais sans données claires, sans les conditions pour un véritable débat. Des groupes de travail… mais des décisions unilatérales. On demande de valider ce qui a déjà été décidé.
- Quant à la place de l’opposition, la majorité n’en a cure. Nos propositions ? Ignorées. Nos compétences ? Décrédibilisées. Pourtant, certaines de nos idées ont été reprises, preuve qu’elles étaient fondées. Les commissions ? Réduites à des chambres d’enregistrement.
- Enfin, il est monnaie courante que nous apprenions les projets par la presse : cuisine centrale, devenir de l’hôtel Beau Rivage...
Au final, une parodie de consultation et un manque criant de démocratie locale !
Urbanisme : un nouveau PLU mais basé sur des données dépassées, quel dommage ! Le document repose sur des indicateurs obsolètes, tant en matière de climat que de circulation. Quand nous avons pointé ces manques, la réponse fut simple : « Il est parfait, il a été salué par les autorités ». Force est de constater que ce document est complexe, confus et peu opérationnel.
- Le nombre excessif d’OAP (Orientation d’Aménagement et de Programmation) rend le document difficile à comprendre et à appliquer pour les habitants comme pour les professionnels.
- La création d’une nouvelle centralité à Thony entrainant la coupure d’un axe structurant, sans étude globale sur les conséquences en matière de trafic et de report de circulation, laisse craindre de futurs problèmes de circulation.
- Et que dire de l’absence de réflexion sur la densification verticale, pourtant prônée par de nombreux experts pour concilier développement urbain et préservation des sols ? Face à cette remarque, la majorité répond : « On pourra modifier plus tard ». Mais n’est-ce pas le rôle du nouveau PLU de fixer un cap sur le long terme ?
Commerces et attractivité :
- Une absence de stratégie sur le commerce : des implantations tous azimuts, sans réflexion sur la complémentarité avec les commerces actuels, notamment ceux au centre, risquant une concurrence mal anticipée, une centralité fragilisée. Là encore pas de maillage global sur la ville.
- Les logements type AirBnB doivent être réglementés à l’échelle du territoire pour être efficace ; l’instance de contrôle n’a pas été mise en place car considérée comme « trop compliqué » alors que Thonon s’y engage.
- En matière d’attractivité, rien de neuf. Les animations se suivent et se ressemblent, sans renouvellement, sans originalité. Difficile de séduire de nouveaux publics ou de fidéliser durablement les habitants. Une ville dynamique ne peut se contenter d’un événementiel répétitif.
- Quant à l’activité congrès, un levier fort demandé par les professionnels, elle reste trop largement sous-exploitée.
En conclusion, ce mandat aura été marqué par un immobilisme certain. Les problèmes du quotidien restent sans réponse, la rénovation des quais est à l’arrêt, et les quartiers des hauts sont toujours délaissés. Les priorités des habitants (stationnement, mobilité, santé, sécurité) sont reléguées derrière la communication et l’image. Depuis plus de 20 ans, la même équipe figée, les mêmes visages, les mêmes recettes dépassées. Quant à la maire, elle paraît plus préoccupée par l’accumulation des mandats que par les besoins des habitants.
De sensibilités politiques différentes, nous sommes persuadés qu’une autre manière de faire de la politique est possible, plus sobre, plus à l’écoute, plus proche des réalités de terrain et qui ne cherche pas à briller mais à servir.
En mars 2026, vous aurez l’occasion de tourner la page. Ensemble, faisons le choix du renouveau.
Isabelle Lang, Jean Guillard, Stéphane Berthier
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