Tribune #PQNAE : Une cuisine centrale pour nos enfants, oui mais…

 

Quelle bonne idée de proposer la mise en œuvre d’une cuisine centrale pour servir des produits bio et locaux à nos enfants ! Nous ne pouvons que souscrire à cette idée que nous appelons de nos vœux depuis des années. Pour cela, la ville d’Evian crée une Société d’Economie Mixte (SME), avec un partenaire (LezTroys) reconnu pour son engagement écoresponsable et ses circuits courts.

 

Alors pourquoi faire la fine bouche ?

 

Il faut d’abord rappeler qu’un projet de cuisine centrale était en discussion à la CCPEVA depuis des années. Le projet a été abandonné car il était mal dimensionné et trop coûteux : il ne pouvait trouver son équilibre financier qu’au prix de l’engagement d’un très grand nombre de communes. Or beaucoup étaient réticentes devant l’augmentation inéluctable des tarifs pour les usagers (bien manger coûte plus cher) et un déficit chronique important. La situation budgétaire de la CCPEVA étant plus que fragile, le projet a été abandonné.

 

Depuis, lors des vœux de 2024, Mme le maire a annoncé qu’un projet de cuisine centrale allait être repris par la seule ville d’Evian, sans que les élus minoritaires n’en aient évidemment été informés. Ensuite, le projet nous a été présenté en février 2025 en commission, pour être mis au vote 15 jours après, sans réelle concertation.

 

Ce projet, qui a été voté, est d’ores et déjà déficitaire car il ne peut atteindre son équilibre budgétaire avec la seule ville d’Evian, le nombre de repas étant nettement insuffisant. Les deux partenaires de la SME l’ont confirmé à plusieurs reprises.

 

Pour atteindre l’équilibre budgétaire, il sera nécessaire que d’autres communes soient clientes. Il y a une forte incertitude sur l’atteinte de l’équilibre car les autres communes sont engagées avec des prestataires qui confectionnent les repas pour les cantines scolaires, qui donnent parfois entièrement satisfaction, et avec des coûts de repas inférieurs (environ 40 %) à ceux annoncés par la cuisine centrale.

 

Pourquoi ne pas avoir construit ce projet en s’associant avec une ou deux autres communes pour en assurer l’équilibre budgétaire ? Certaines communes étaient d’accord sur l’idée d’une cuisine centrale pour notre territoire. Cela aurait permis d’avoir dès le début un projet à l’équilibre, évitant des déficits qu’il faudra forcément compenser. De plus, les communes participantes auraient été des partenaires et non des clientes de la SME. Être un partenaire ou un client n’est pas du tout pareil. La mutualisation au sein de la CCPEVA est prônée mais finalement n’est pas favorisée alors qu’elle est plus que nécessaire.

 

De plus, un consortium plus large aurait permis d’éviter les risques de conflits d’intérêt. En effet, la ville crée une société qui devra répondre, au même titre que d’autres sociétés, à un appel d’offres pour la restauration scolaire. Celui-ci sera basé sur un cahier des charges écrit par la ville. Nul ne peut nier que les élus majoritaires qui siégeront dans la SME et les élus et personnes en charge de la construction de l’appel d’offre sont plus que proches… Une SME élargie à d’autres communes aurait permis d’éviter cela.

 

Enfin, la plupart des projets de cuisine centrale sont créés pour favoriser les circuits de proximité et développer des filières de production locales. Dans ce projet, ces avancées seront conditionnées à des partenariats hypothétiques.

 

A l’heure où il est demandé à tous de faire des efforts budgétaires, il aurait été sain de sortir de ce fonctionnement autocentré, symbole d’une gestion politique d’un autre temps, et de construire avec nos partenaires naturels un projet ambitieux à l’équilibre budgétaire.

 

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