Tribune conjointe listes #PQNAE et #Evian2020-2026: analyse du PLU

 

Cette tribune a été écrite par les deux listes minoritaires qui devant l’enjeu de la révision du PLU ont décidé de s’associer pour réaliser une analyse commune.

Si cette révision du PLU comporte des améliorations par rapport au document précédent, nous avons relevé bon nombre d’insuffisances.

Tout d’abord, la centralité de Thony, un élément d’importance du nouveau PLU, nous semble insuffisamment abouti et surtout sans vision globale des services et commerces. Si l’idée d’un remodelage de cette zone est pertinente, les propositions sont à revoir en concertation et transparence.

La modification des voies de circulation y est contestable : en effet, détourner la circulation de l’avenue de Thony, un axe de niveau 1 vers la route du golf de niveau 2, n’est pas adapté. D’autant que le lien avec la ville se fait par la route de Bissinges puis le pont de chemin de fer, goulot d’étranglement accidentogène et source de congestion. Il manque une réflexion globale des flux à l’échelle communale comme nous l’avons déjà demandée. Trop de points n’ont pas été assez examinés comme l’impact sur l'économie locale, la cohésion urbaine, la sécurisation de la route du golf. Ce projet de nouvelle centralité ne peut donc être validé en l’état.

Le choix a été fait de définir un très grand nombre (>32) d’Orientations d'Aménagement et de Programmation (OAP). Outils certes utiles au contrôle de l’urbanisation, leur nombre interpelle, en particulier sur les hauts d’Evian. Elles rendent le PLU complexe, difficile à appréhender. Il y a un risque d'incohérence si elles ne sont pas suffisamment coordonnées et leurs mises en œuvre peuvent être compliquées et coûteuses.

De plus, dans une OAP, le règlement détermine des normes à l’échelle de l’ensemble de la zone (implantation, hauteur…) permettant parfois de déroger au règlement écrit du PLU. Par exemple pour les hauteurs, c’est la moyenne finale de l’OAP qui compte. La multiplication des OAP risque donc d’entrainer des dérives si les responsables de l’urbanisme ne sont pas d’une vigilance extrême.

Quant à l’OAP thématique sur le commerces et l’artisanat, elle révèle un manque de réflexions stratégiques globales. En effet, il est indiqué le besoin de développer, voir de créer de nouveaux espaces dédiés à l’offre commerciale dans la plupart des OAP. Pourtant nous n’avons pas retrouvé d’analyses sur les besoins réels de la population, ni de traces de concertation avec les acteurs locaux qui permettent de définir de tels objectifs.

Dans les diagnostics, nous regrettons que le climat soit analysé avec des données anciennes alors qu’on sait que le changement climatique s’accélère et impacte nos territoires. Idem pour la pollution sonore, le diagnostic est réalisé avec des données de 2011 et avec les deux seuls grands axes structurants définis à l’époque alors que la circulation s’est très fortement intensifiée partout.

Dommage de ne pas avoir réalisé un état des lieux actualisé pour construire ce document stratégique !

Le PLU n’est pas seulement un document relatif aux règles d’urbanisme, c’est aussi un document qui présente les orientations et le devenir de la ville.

Concernant la population Evianaise, elle continue de vieillir et en même temps le turn-over des habitants s’amplifie : par exemple, en 2022, 880 nouveaux arrivants pour 864 départs. Le problème d’implantation des jeunes ménages, principalement lié à des logements trop chers et peu adaptés, est bien diagnostiqué. Des données Insee de 2022 indiquent qu’une famille sur cinq vit désormais avec trois enfants ou plus au domicile, liée à la multiplication des familles recomposées. Il faudrait donc maintenir une offre d’appartements de grandes tailles, notamment pour la location sociale ou en accès à la propriété, en mettant en place des mécanismes appropriés. Or la révision du PLU propose la quasi disparition des T5 et une baisse significative des T4 pour favoriser uniquement les T2 et les T3. Cette proposition va-t-elle favoriser l’implantation des familles et leur maintien ? Nous en doutons.

Avec un objectif de zéro artificialisation nette et un espace disponible limité et réglementé, la question sur les hauteurs des bâtiments va forcément se poser dans un futur pas si lointain. Or ce point n’est pas abordé dans ce PLU qui nous engage pourtant pour plusieurs années, c’est regrettable !

Le diagnostic sur la mobilité : les chiffres parlent d’eux-mêmes avec la place du vélo pour se rendre au travail inférieur à 1 %. Et pour cause, les pistes cyclables sont quasi inexistantes. L’offre de stationnement est décrite comme grandissante et pourtant ! Là encore pas de vision stratégique car il n’est question dans ce PLU ni de créations de parking relais, ni d’approche saisonnière de la gestion des flux, ni d’organisation de navettes intra-muros depuis les parkings relais ou pour connecter le haut et le bas de la ville.

Dommage pour un document se voulant stratégique et d’avenir !

En ce qui concerne les fiches patrimoines, il est regrettable que des maisons au caractère patrimonial indéniable et qui ont été identifiées comme telles dans un premier document aient ensuite disparu, sans explication. De plus, les conséquences du classement de ces maisons ne sont pas expliquées, ce qui aurait permis aux habitants d’en saisir les enjeux.

Pour finir, il nous parait utile de rappeler que contrairement aux discours de la majorité, ce PLU n’est pas issu d’un « consensus en commission municipale ». Nous n’avons pas été associés à sa construction mais à une simple validation en commission et les Evianais ont été conviés à des réunions de présentation et non d’élaboration.

Dans le rapport de présentation qui explique les choix retenus, la ville est diagnostiquée comme une ville diffuse/confuse, avec un tissu urbain chaotique et des zones importantes enclavées. En définitive, en quoi cette révision du PLU remédie-t-elle vraiment à ce diagnostic ?

 Tribune conjointe des listes Parce que Nous Aimons Evian ! et Evian 2020-2026.