L’hydrogène au service des territoires de montagne: une journée organisée par la CCPEVA
L’hydrogène au service des territoires de montagne
Nous avons pu participer fin juin à une rencontre intitulée, L’hydrogène au service des territoires de montagne, organisée par la @CCPEVA en partenariat avec notamment le Syane, le Cluster Eau Lémanique et le projet européen AMETyST.Le projet AMETHyST, créé en 2022, co-financé par l’Union Européenne a pour but d’accompagner des territoires pilotes dans leur mise en place de projets liés à la décarbonation et à l’utilisation de l’Hydrogéne (recensement du potentiel d’utilisation de l’énergie hydrogène, calcul de la pertinence de l’hydrogène dans le cadre d’un mix multi énergies, création d’unités de production) : « Soutenir le déploiement d'écosystèmes locaux d'hydrogène vert dans les Alpes, dans des zones géographiques à fort potentiel. Le projet doit contribuer à ouvrir la voie à un mode de vie alpin post-carbone dans les zones touristiques, en renforçant les capacités et en améliorant l'efficacité énergétique.
Un exposé très intéressant a rappelé les principes de base pour produire cette énergie (l’hydrogène « blanc » extrait directement du sol est encore très loin du stade de l’exploitation) et les avantages/inconvénients de son utilisation. L’hydrogène est produit à partir d’eau (H2O) et sa combustion ne rejette que de l’eau. Ce gaz est facilement stockable (ce qui n’est pas le cas de l’électricité), transportable, sous forme gazeux ou liquide. Il est donc tout à fait possible de créer de véritables filières locales de production d’hydrogène.
Si les avantages sont indéniables, les inconvénients et les freins sont aussi très importants.
Ø La production d’H2 nécessite énormément d’énergie (verte ou fossile…), mais aussi d’eau et des métaux rares. Les sécheresses récurrentes en été doivent être prise en compte.
Ø Si l’on veut produire de l’électricité à partir d’H2, il faut bien avoir à l’esprit que la perte en ligne est de 75 % ! La rentabilité énergétique est donc très faible…
Ø Les coûts de production, de stockage et de transport sont importants.
Ø L’impact environnemental n’est pas non plus à négliger : les molécules d’H2 sont très petites et engendrent des problèmes de fuites, ce qui augmente les gaz à effet de serre ; la consommation d’eau et de métaux rares n’est pas anodine.
Ø L’hydrogène est un gaz hautement inflammable, les questions de sécurité sont très fortes.
Ø Des utilisations très spécifiques peuvent être envisagées : dans l’industrie, la production d’engrais, pour des véhicules nécessitant une très grande autonomie…
Quelques ordres de grandeur
Il faut 1 kg d’hydrogène pour parcourir environ 100 km, et environ 12 litres d’eau pour sa fabrication.
Le stockage d’1 kg d’H2 nécessite un volume de 11 000 litres ou 42 litres s’il est compressé !
Le coût de production actuel pour 1 kg d’H2 (permettant d’effectuer 100 km) est estimé à 10 à 12 €.
Restitution d’une étude sur le potentiel hydrogène sur notre territoire CCPEVA
L’étude portait principalement sur les besoins en énergie sur le territoire ainsi que sur la production et l’utilisation de l’hydrogène pour créer de l’électricité :
- les filières d’énergie possibles pour créer cet hydrogène seraient la biomasse locale (bois notamment), le biogaz (méthaniseur) ou l’achat d’hydrogène à l’extérieur de la CCPEVA.
- le potentiel d’utilisation (bus, industrie, mobilité lacustre...) a été évalué à 120 tonnes d’hydrogène par an avec une projection à 283 tonnes d’ici 2030.
L’étude conclut que notre territoire ne permet pas la création d’une filière de production d’hydrogène pour le moment : problème de financement, de disponibilité de biomasse, de gaz, et des débouchés beaucoup trop limités.
L’après-midi, un atelier spécifique sur le transport lacustre a été réalisé mais sans la présence de la CGN, pourtant acteur incontournable. La conversion à l’hydrogène d’une partie des bateaux de passagers sur le Léman n’est pas envisageable à l’heure actuelle. Les bateaux, outre qu’ils n’ont pas été forcément conçus pour être compatibles à l’utilisation d’hydrogène, auraient besoin de grosses quantités de ce carburant, impossibles à produire localement. Si certains projets existent déjà, notamment des bateaux sur le Lac des Quatre-Cantons en Suisse, il s’agit de réalisations hybrides, prototypes et plus petits.
Pour conclure
Une journée très enrichissante, qui nous a permis de mieux comprendre les enjeux de cette énergie, présentée par certains comme une solution miracle… L’utilisation d’hydrogène pour décarbonner le territoire n’est pas la solution la plus appropriée, au mieux, ce sera une composante d’un mix énergétique. Quelques applications très spécifiques pourraient être envisagées (exemple des dameuses) mais n’en sont encore qu’à l’état de projets. Pour remplir nos objectifs de décarbonation du territoire, rien ne paraît plus efficace qu’une réduction de nos consommations par tous les moyens possibles et en particulier en favorisant les transports en commun, à l’échelle du territoire mais aussi aux échelles locales.
Sophie Boit, Jean Guillard pour la liste #PQNAE
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