Tribune Evian Nouvelles - automne 2025

 

Évian mérite mieux

Depuis cinq ans, la majorité municipale est aux commandes. Beaucoup d’espoirs ont été déçus, beaucoup de promesses sont restées lettres mortes et trop d’Évianais ont le sentiment d’avoir été oubliés. A l’heure du bilan, alors que la majorité proclame que 95 % de leur projet a été réalisé, relisons leur programme. On mesure aussitôt l’écart entre les paroles et les actes.

Ne soyons pas naïfs, à l’approche des élections, les mêmes promesses vont ressortir des tiroirs, prêtes à resservir. Mais Évian n’a pas besoin de slogans recyclés. Elle a besoin d’action, de proximité et d’écoute.

Soyons justes : des choses ont été faites. Mais les priorités du quotidien ont été sacrifiées. Pour beaucoup d’habitants, ce mandat aura été un mandat pour rien.

La sécurité du quotidien ? Toujours en panne.

« Renforcer la police municipale et la brigade verte contre les incivilités, sécuriser voiries et trottoirs ; mettre en place des permanences de police dans les quartiers »

Cinq ans plus tard, les incivilités n’ont pas diminué, votre sentiment d’insécurité a grandi. La brigade verte a disparu, les patrouilles se font rares, et la promesse de « police de quartier » reste un mirage. Quant à la sécurisation des trottoirs et voiries, elle avance au ralenti.

Les hauts d’Évian : les grands oubliés

« Créer de nouveaux guichets de proximité sur les hauts d’Évian, réhabiliter le manoir des Tours, développer des services publics, une maison des aidants, une crèche »

Des promesses envolées. Le manoir n’a jamais été réhabilité, aucun service de proximité n’a vu le jour. Les habitants des hauts attendent toujours des équipements, des lieux de vie, des services dignes d’une ville qui se veut attractive et solidaire. Une ville ne se construit pas à deux vitesses.

Le tourisme et les congrès : un potentiel gâché

« Développer et multiplier l’accueil de congrès grâce aux infrastructures existantes »

Les chiffres sont sans appel : une poignée d’événements par an, et encore... Alors que le tourisme d’affaires pourrait dynamiser l’économie locale toute l’année : hôtels, restaurants, commerces, rien n’a réellement abouti pour donner un nouvel élan. Évian mérite une vraie stratégie, pas des effets d’annonce.

La santé : un désert qui s’étend

« Créer un pôle santé ; organiser des permanences ; favoriser l’installation de médecins ; créer des logements d’urgence. »

En réalité, toujours les mêmes discours, les mêmes promesses, les mêmes “bientôt”. Une pédiatre a voulu s’installer : faute des locaux disponibles promis, elle est partie à Thonon, avec à la clé un dédommagement financier. Pendant ce temps, les habitants attendent et les besoins s’aggravent.

Évian a besoin d’un nouveau souffle

Mars 2026 doit marquer un tournant. Celui d’une ville plus proche de ses habitants, plus juste, plus vivante. Une ville qui s’occupe enfin des priorités du quotidien : sécurité, santé, services publics, dynamisme économique et qualité de vie dans tous les quartiers.

Tourner la page, c’est possible. En 2026, donnons à Évian l’élan qu’elle attend.

Des promesses non tenues pour la mobilité et le stationnement.

« Développer les actions en faveur de la multimodalité : favoriser les mobilités douces, créer des pistes cyclables. »

Combien de fois avons-nous entendu nos élus proclamer vouloir faire d’Évian une ville pro-vélo ? Mais où sont les vraies pistes cyclables ? Les liaisons sécurisées entre les quartiers ? Les infrastructures qui changent la vie au quotidien ? Quelques aides à l’achat ont été distribuées, des stationnements aménagés, mais rien de structurant. Le décalage entre les discours et les réalisations est flagrant. Communiquer, s’autocongratuler, organiser des balades à vélo, ce n’est pas agir. Ce qu’il faut ce sont des aménagements concrets, pensés pour les habitants.

« Pérenniser le parking P+R desservant le débarcadère et la gare, avec navettes gratuites. »

Habitants du centre, salariés, frontaliers, touristes, visiteurs, tous confrontés au casse-tête de se garer. Le parking relais, censé désengorger le centre, a été vidé de son sens : fin des navettes directes puis actuellement une phase test obligeant à réserver chaque jour, par téléphone ! pour une poignée de places. Symbole d’une gestion déconnectée de la réalité.

Le réaménagement des quais oublié.

« Réaménager les quais, redéfinir la gare lacustre pour plus d’espace aux piétons et modes doux, revégétaliser les bords du lac et créer un parking souterrain. »

Faut-il vraiment commenter ? Certes, quelques aménagements ont vu le jour. Mais la gare lacustre n’a pas été réellement repensée pour absorber les nouveaux flux de passagers. Résultat : embouteillages, piétons et vélos qui se croisent dans la confusion. Les quais n’ont pas bougé : l’esplanade du casino a été refaite mais avec un parking de surface et l’emplacement réservé pour le futur tronçon de la Via Rhôna verra se croiser vélos, piétons et serveurs ! Un aménagement fait en dépit du bon sens.

Une démocratie participative de façade et une politique du paraître.

« Pérenniser les réunions de quartiers, organiser des échanges élus-habitants. »

La démocratie participative… Un incontournable de toute campagne locale. Mais, il ne suffit pas de le dire pour le faire ! Combien de réunions de concertations alors que les projets étaient déjà bouclés, de questionnaires qui orientent les réponses plus qu’ils ne recueillent une opinion ! Depuis cinq ans, la parole citoyenne et le bon sens ont été relégués au second plan, au profit d’une communication centrée sur la mise en scène du pouvoir.

Dernier exemple, la réintroduction du pygargue à queue blanche : un projet scientifiquement très contesté, lancé alors même que la pêche professionnelle est en danger. Mais la photo était trop belle, alors on l’a faite, sans un mot sur les interrogations émises par les scientifiques, les associations naturalistes, etc.

Les Évianais méritent une ville qui agit concrètement pour ses habitants, et non qui se contente des apparences et de démagogie. En mars 2026, vous aurez l’occasion d’écrire une nouvelle page et de choisir le changement.

Jean Guillard & Isabelle Lang